Lets Learning Lab | Méthodologie
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Méthodologie

La conception et le développement d’un learning lab relèvent d’une démarche de recherche développement qui s’appuie sur des modèles théoriques et vise à d’une part répondre à des objectifs opérationnels spécifiques et, d’autre part, à l’évolution des connaissances scientifiques.

La méthodologie de conception sur laquelle nous nous sommes appuyés relève de la recherche orientée par la conception (ou design-based research) (Wang et Hannafin, 2002 ; Sanchez et Monod-Ansaldi, 2015). Elle s’appuie sur un travail collaboratif et itératif ainsi que des méthodes agiles qui mobilisent différents acteurs pour l’ensemble du processus. Ainsi, Des tests sont menés, des prototypes sont réalisés et les objectifs sont revus au fur et à mesure du développement du learning lab.

Le développement d’un learning lab peut s’appuyer sur une méthode d’ingénierie pédagogique. Nous nous sommes appuyés sur le modèle ADDIE (Analyze, design, development, implementation, evaluation), regroupant les phases development & implementation). (Branch, 2009 ).

Le schéma ci-dessous représente une itération ADDIE selon une approche de type recherche orientée par la conception. Chacune des étapes s’appuie sur des modalités de travail (méthodes, outils) et permet d’aboutir à des productions (résultats) à la fois en terme de développement du learning lab et de résultats de recherche.

Conduite du projet (d’après Sanchez et al, soumis)

 

 

L’initiation d’un projet de conception d’un learning lab passe par une analyse qui vise à réponde aux questions suivantes : Qui est à l’initiative du learning lab ? (quel projet ? quel service ou unité de recherche ? quelles personnes ? etc.),  D’où provient la volonté de mettre en place un tel dispositif ? (par ex. obligation institutionnelle, motivation propre à une équipe ou des individus, bottom up ou conséquence d’une décision institutionnel – top down). Le learning lab est-il envisagé comme une mesure à mettre en place pour répondre à certaines directives ou est-il issu de motivations auto-déterminées ? Quelles sont les motivations premières du projet ? (lister les motivations principales pour engager le projet).
Ces questions permettront de spécifier les objectifs du learning lab.

La conception d’un learning lab relève d’un  projet de recherche et développement qui s’inscrit dans un processus d’innovation. Il est donc important de spécifier la durée du projet et les mesures à prendre en compte pour assurer la pérennité du learning lab.. De ce point de vue il est également primordial de comprendre les intérêts des personnes à l’initiative du learning lab. 

Dans le cadre des expérimentations que vous avons menées, il est ressorti que l’initiation du projet résulte de décisions multiples de différents acteurs.

Documentation de l’étape d’initiation pour les 4 learning labs développés dans le cadre du projet LETS Learning Lab :

Université d’Alexandrie

A l’initiative du projet  : Unité de l’Innovation Pédagogique de l’Université d’Alexandrie qui a décidé de faire partie d’un tel projet suite à la proposition de Lilia Cheniti (Université de Sousse)

 Motivations :

  1. Positionner l’Université d’Alexandrie en tant qu’université innovante
  2. Disposer de structures permanentes pour améliorer les pratiques enseignantes et acquérir davantage des connaissances du point de vue de ces pratiques, développer des compétences dans les domaines de l’innovation pédagogique et des usages du numérique en éducation.
  3. Développer les compétences du personnel administratif afin de disposer des ressources humaines nécessaires pour gérer le learning lab.

Université de Fribourg

A l’initiative du projet : Le Laboratoire d’innovation pédagogique dans le cadre du projet DigitalSkills@Unifr (financé par SwissUniversities). C’est le directeur du LIP (Eric Sanchez) qui a lancé l’initiative.

 Motivations :

  1. Développer les compétences numériques des étudiants, des enseignants et de l’institution (l’Université de Fribourg)
  2. Positionner l’Université de Fribourg comme une université qui s’implique dans le développement des usages du numérique pour l’apprentissage et la formation.
  3. Initier un projet de recherche-développement autour de l’innovation pédagogique.
  4. Développer un nouveau champ de recherche au sein du Laboratoire.
Université de Sousse

A l’initiative du projet  : Il s’agit d’une initiation de deux enseignants chercheurs du CIPEN (Lilia Cheniti et Ouajdi Korbaa)

 Motivations :

  1. Mettre en place un incubateur d’innovation pédagogique.
  2. Mettre en place un dispositif pour le partage d’expérience, des scénarios pédagogiques et de modalités des formations.
  3. Positionner l’institution par rapport à l’innovation pédagogique numérique.
  4. Donner un cadre officiel aux initiatives déjà existantes pour qu’elles puissent être capitalisées.
  5. Promouvoir d’autres aspects innovants à que la mise à disposition des ressources pédagogiques en ligne.
  6. S’appuyer sur le réseau LETS Learning Lab pour permettre un partage d’expérience au niveau international et valoriser les initiatives auprès des collaborateurs internes.
  7. S’approprier une démarche formelle de conception et de mise en place un environnement incubateur d’innovation
AUL
Beyrouth

A l’initiative du projet  : Lebanese Center for Pedagogical Innovation (LCPI) par l’intermédiaire de son responsable (Bilal Saïd)

 Motivations  :

  1. Identifier, expérimenter avec et mettre en œuvre de nouvelles méthodes d’apprentissage, d’enseignement et d’évaluation.
  2. Accompagner le corps professoral dans son développement professionnel et impliquer les étudiants dans le processus de conception et mise en place des activités d’apprentissage et d’évaluation.
  3. Mettre en place un lieu d’accueil pour les experts nationaux et internationaux pour permettre le partage d’expériences dans le domaine de l’innovation pédagogique et la mutualisation des expertises.

La phase d’analyse consiste d’une part dans une analyse du contexte et des besoins (analyse de l’existant, des ressources disponibles, des  attentes) et, d’autre part, dans un état des recherches concernant les learning labs. Ces analyses permettent d’anticiper différents aspects liés à la conception du learning lab, notamment la formulation des objectifs et les décisions en termes de conception, les ressources potentielles (matérielles et humaines) et les stratégies de levées de fonds à déployer.

Prise en considération du contexte global. Bien que les universités soient les bénéficiaires des learning labs sur lesquels elles exercent leur resposabilité, l’analyse doit porter sur les contextes socio-culturel, socio-économique et professionnel régionaux afin de prendre en compte les attentes, besoins et opportunités plus larges que l’institution hôte. Par ailleurs, le contexte social peut jouer plus ou moins en la faveur de certaines actions du learning lab. Les directives et les lois concernant l’innovation, la recherche et l’enseignement supérieur, ainsi que le soutien politique apporté aux démarches qui vont dans ce sens doivent être étudiées.

Une analyse de l’existant, des possibilités et des intérêts d’autres institutions peut être envisagée. Il est nécessaire de s’informer sur les synergies potentielles ou les risques de redondances. Des partenariats peuvent être envisagés. Cette analyse permet de délimiter les champs d’action du learning lab et de visibiliser la démarche d’innovation.

Culture de l’innovation :

La culture au sein de l’institution devrait être minutieusement analysée car elle peut freiner ou favoriser l’innovation (Lison & al., 2014). Plusieurs aspects doivent être pris en considération pour développer une “culture de l’innovation” (O’Banion & al., 2011), notamment le soutien des décideurs, la définition commune (institutionnelle) de l’innovation, la valorisation/reconnaissance envers les innovateurs, l’encouragement à l’innovation, la pérennisation des actions innovantes, etc. Ces paramètres doivent être analysés afin de déterminer quelle est la culture d’innovation au sein de l’institution.

Méthodes

En termes de méthodes, différentes actions peuvent être entreprises afin d’analyser les besoins dans cette première étape:

  • entretiens formels ou échanges informels avec les acteur-trices identifiées (voir chapitre précédent) (existant, besoins, attentes, ressources disponibles) ;
  • ateliers de design thinking (problématisation de la situation avec les acteurs-trices) ;
  • visites de learning lab existants ;
  • questionnaires, sondages, entretiens ou focus groupes avec les futurs utilisateurs (besoin, attentes)
  • brainstorming avec différents acteurs sur les besoins et attentes ;
  • recherche documentaire : état des lieux de l’existant (benchmarking) ;
  • revue de littérature : état de l’art sur les learning labs et les activités qui y sont menées (existant, défis) ;
  • engagement dans des réseaux en local ou international, participation à des événements, des projets d’innovation en lien avec les learnings labs.

Formalisation des objectifs

La formalisation du learning lab et des objectifs spécifiques qu’il poursuivra va dépendra en partie des éléments mentionnés ci-dessus. Cette première étape doit aboutir à la formulation d’objectifs du learning lab spécifiques au contexte. Les objectifs doivent être SMART. Des actions spécifiques doivent pouvoir être entreprises afin d’y répondre en terme d’aménagement de l’espace, de conduites d’activités et de mise en place.

Conception et idéation

Cette deuxième phase, design, correspond à l’idéation du learning lab en tant qu’espace (physique et numérique), de communauté (utilisateur et de concepteur) et d’activités qui y sont conduites. Les objectifs du learning lab étant définis, cette deuxième étape vise plus particulièrement à construire les scénarios pédagogiques et à dessiner les lignes directrices du learning lab.

Les utilisateurs doivent être impliqués et mis à contribution au cours de cette deuxième étape, toujours conduits sur la base des méthodes agiles. S’il semble évident de travailler avec une diversité d’acteurs pour analyser les besoins (phase analyse), il peut sembler plus difficile de les impliquer dans le processus d’idéation et de réflexion sur la conception (phase design). Il est nécessaire lors de cette étape de faire appel à des personnes dont les domaines de compétences sont variés. C’est dans le cadre d’une approche pluridisciplinaire que le concept du learning lab peut être dessiné et répondre aux différents besoins (relevés lors de la phase d’analyse). Le concept produit à l’issue de cette étape doit être innovant mais réalisable. Ce processus d’idéation doit s’appuyer sur des aller-retours entre idéalisation et la rationalisation. Le concept produit doit permettre d’articuler des moyens (l’espace à construire, les activités à mettre en place et la communauté à mobiliser) à partir de la finalité visée (objectifs spécifiques) tout en prenant en compte le contexte et ressources disponibles .
Nous présentons ci-dessous une méthode/activité d’idéation (atelier de collaborative design) réalisée dans le cadre des travaux menés

Atelier de collaborative design

Cet atelier se déroule sur 1 demi-journée à 1 journée selon le temps disponible. Inspiré des méthodes de collaborative design (qui consistent à inviter représentants, collaborateurs, usagers, potentiels futurs clients lors de moments de travail favorisant la créativité dans le but de proposer des solutions innovantes et pertinentes pour répondre aux besoins d’entreprises, d’organisations, d’institutions), cet atelier vise à réunir les idées, les avis, les attentes et les besoins de différentes personnes impliquées dans le futur learning Lab telles que les enseignants, les étudiants, des représentants de différents services universitaires, des partenaires et d’autres acteurs et spécialistes de l’Innovation en enseignement.

Au cours de l’atelier, les participant-es sont amenés à travailler en petits groupes (4-5) dans la futur salle dédiée au learning lab. Ils disposent de petit matériel d’idéation/conception (feuilles, stylos de couleur, post-it, Stabilo, Lego, tableaux blanc, journaux) et son amener à présenter en fin de séance un prototype (maquette, dessin, construction Legos, mise en situation, …) permettant de répondre à une, deux ou trois des questions suivantes : “Comment imaginez-vous le learning lab… en terme d’aménagement du lieu (1)? en termes d’activités proposées (2)? en terme de communauté mobilisée (3)” ?
Avant de débuter le travail, une brève présentation de ce qu’est un learning lab est faite aux participant-es. Par ailleurs, en plus du petit matériel de conception, ils disposent de cartes d’aide au questionnement, petites cartes thématiques plastifiées qui posent des questions spécifiques auxquelles ils peuvent essayer de répondre lorsqu’ils conçoivent leur concept de learning lab.

A la fin de l’atelier chacun des groupes présente son prototype, suivi d’une quinzaine de minutes de questions. Les présentations sont filmées et synthétisées par écrit par les organisateurs. Une analyse de ces synthèses est effectuée afin de mettre en lumière les points saillants et les invariants de chaque proposition.

 

La phase “développement/implémentation” fait référence à la réalisation d’activités, à la mise en place des espaces physiques et numériques et au développement de moyens de communication et de mobilisation de la communauté du learning lab. Il s’agit notamment de mettre en place les premières activités et de les documenter, de procéder à l’acquisition de matériel et à l’aménagement des lieux, de développer des interfaces numériques, et de mettre en œuvre les stratégies de communication envisagées.

Voici quelques exemples des actions entreprises dans les learning labs des universités partenaires.

Activités
Atelier Lunch&Discover
13 Infox en ligne
Breaking Infox

Communauté
Communication autour du choix du logoNewletter
Infos sur le site internet
Groupe Facebook

Espaces
Acquisition et test de matériel
Atelier de design thinking sur l’aménagement des espaces
Mise en place d’une plateforme Moodle pour la diffusion des ressources
Mise en place d’un canal Teams

L’évaluation du Learning lab s’organise selon 3 niveaux : (1) évaluation de l’ensemble du learning lab en tant que dispositif tridimensionnel, (2) évaluation des activités conduites au sein du learning lab, (3) évaluation des compétences des utilisateurs-trices.

Nos travaux ont permis de mettre en place un module d’évaluation des activités du learning lab, sur la base de 2 volets : descriptifs et évaluatifs. Plusieurs instruments ont été développés (questionnaires d’inscription, de feedback, guide d’entretiens, plan d’activités). Ce module repose sur l’adaptation d’un modèle d’évaluation en trois dimensions (Tricots, 2003) : utilité, utilisabilité, acceptabilité. Ces dimensions sont documentées par des items regroupés en différentes catégories (cf. tableau ci-dessous).

 

Dimensions

Outils

utilité (1)

utilisabilité (2)

acceptabilité (3)

plan d’activité

caractéristiques de l’activité (objectifs d’apprentissage, ressources)

caractéristiques de l’activité (type, modalités, espaces, ressources?)

Toutes les caractéristiques 

 

formulaire inscription

besoins/attentes apprenant-es

activité analogue, moyen de communication

UTILITE, UTILISABILITÉ et

raison de la participation, motivation, intérêts, culture, valeurs

questionnaire feedback

niveau de satisfaction, 

nouvelles découvertes, éléments retenus, intentions, 

avis, durée, plage horaire, représentation de l’espace (mots clés), modalités futures. 

UTILITE, UTULISABILITE et

appréciation générale, envie de participer,suggestions

entretiens

approfondissement des catégories FI et QF

approfondissement des catégories FI et QF

approfondissement des catégories FI et QF + sentiment d’appartenance

autres (observations)

comportements observés par rapport aux apprentissages

comportements observés par rapport à l’utilisation des espaces

comportements observés par rapport à l’acceptation du dispositif

 

L’évaluation des activités du learning lab doit permettre d’analyser :

  1. L’utilité de l’activité
    • Adéquation entre les objectifs d’apprentissage visés et l’apprentissage effectif ;
    • Adéquation entre l’activité et le format de la connaissance à acquérir (un savoir, un savoir-faire, une attitude, etc.) ;
    • Adéquation entre les objectifs d’apprentissage visés et les besoins des apprenants
  2. L’utilisabilité de l’activité
    • Adéquation de l’agacement de l’espace de la salle et les objectifs de l’activité visés ;
    • Adéquation de l’agacement de l’espace de la salle et les objectifs de l’activité visés ;
    • Adéquation entre les modalités de l’activité et les exigences du public cible
  3. L’acceptabilité de l’activité
    • Adéquation de la culture, des valeurs, des pratiques et des objectifs des participants avec l’activité
    • Appréciation/avis du public de l’activité proposé
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